dimanche 10 avril 2011

and somehow it doesn't sound too


cold.
très cher simon n'oublions pas que les canards nous poursuivent, si tu me dis blanc je te réponds gris foncé mais nous savons dans le fond que je pense rose comme les graffs désuets sous les toits des résidences étudiantes, la lumière à vienne est trop belle et les dortoirs ne le sont pas, nous nous y sommes sentis libres et coupables d'à peu près tout, même des tours en calèche des hot dogs ratés des goulasch dans les bars des moches au flex club et des suisses allemands en débardeur,
les cernes jusqu'au bas du visage, si tu dis blanc je te réponds gris foncé mais dans le fond il y a peu de gens avec qui je pourrais faire le tour du monde
et pour voir le soleil se lever en californie j'emporterai dans ma couette rose fushia toi et ugo,

c'était beau !

j'ai vu les cernes la double pneumonie et ta pendaison au bord d'une autoroute suisse
et les fous rires des drogués que nous sommes
n'oublions rien et gardons tout précieusement, pour après, plus tard, nous en parlerons autour de la machine à café dans nos pulls en laine et nos jeans trop grands.
ce fut un véritable honneur de voyager avec vous 2 et
bravo aux alternateurs.

E

lundi 4 avril 2011

Du chaud au trop froid/ Road [bad] trip in Wien part_II / The Alternator Strikes Back: welcome in Beaufland

Previously on Strong Wind Strong Weed:
« Après avoir dormi trop peu afin de rendre les clefs de la chambre à l’heure, petit tour par les musées et c’était reparti pour 1000 bornes de caisse et une arrivée prévue dans la soirée en Suisse. Mais seulement prévue.
Et si nous savions alors ce qui nous attendait nous aurions peut-être profité un peu plus de la beauté de Vienne et de l’euphorie que cette dernière procure. Et qui bien que je ne l’ai connu que deux jours, continue à me marquer. »


Ouais effectivement c’était cool, beau et plein de bons sentiments. Et je ne suis jamais reparti aussi heureux d’un endroit. Même pas de blues du retour, j’avais tellement besoin de bouger que le fait d’être parti suffisait amplement à combler mon désespoir à l’idée de revenir. Et les quelques 1000 bornes de route ne m’effrayait même pas. Et si je crois m’être un peu perdu en route pendant que le reste de la voiture dormait, l’inquiétude ne me gagna pas une seconde. Je vous passe les 600/700 bornes dans la montagne autrichienne, pleine de superbe chalets en bois pourri ou autres usines désaffectées glauquissime, avec laquelle la vue des Alpes contraste parfaitement. Parti en début d’après-midi, l’objectif était d’arriver vers 01/02H du mat, seulement quelqu’un en avait décidé autrement. Et vers minuit, au milieu de nulle part en Allemagne on vit les phares se couper et la voiture s’arrêter.

Phase 1 Désespoir passif
Premier réflexe samaritain : sortir mettre le triangle de sécurité. Deuxième réflexe humain : bordel de chatte, ça caille. Je sais pas, -5 peut-être -10. Pas énorme, mais suffisant. N’empêche qu’on aura rarement vu un ciel si étoilé. Bien sûr dans un souci de totale désorganisation, j’avais omis les gilets de sécurité mais avait eu le bon goût de prendre une lampe. Cependant, l’heure et l’endroit n’étant sans pas doute pas appropriés, les nombreux appels avec la lampe ne firent ralentir que peu d’automobilistes. Et ce peu devient aucun quand il s’agit de nous tracter jusqu’à la prochaine station. Heureusement un brave homme, que je soupçonne toujours d’avoir tué Bibi phoque et sa famille pour confectionner ses sièges, eu la bonté de nous amener vers la station-service. Achat de pinces et recharge de la batterie grâce au gentil papi employé de station désespéré devant mon inaptitude à recharger une batterie. Big Up pour lui. Et c’était reparti.

Phase 2 Ascenseur émotionnel
Ça parait pas, mais bon on a bien dû passer deux heures avant de repartir. Et là c’était énorme, genre on a surmonté les obstacles et plus rien ne pourra nous arrêter vers l’infini et l’au-delà. Et bien si tôt le premier tunnel passé rebelote. En roue libre jusqu’à un renfoncement à la sortie du tunnel. Il était déjà bien trois heures du mat’ et décision fut prise de dormir sur place afin de repartir de jour pour ne pas utiliser les phares et économiser ainsi de la batterie. Comment dire.. à ce moment-là j’étais pas vraiment effrayé de passer la nuit dans la voiture. Mais en fait, j’ai un peu cru mourir avec mon petit duvet dans cette froide et cruelle nuit allemande seulement éclairées par les étoiles. (Et les phares des voitures et camions passant à quelques mètres.) Le jour levé et les membres congelés il fallut repartir, la peur au ventre de retomber en panne quelques mètres plus loin. Mais non, nous étions bel et bien repartis vers ce beau pays suisse. Enfin, au moins pendant une heure avant que tout ne recommence et que nous nous ne retrouvions, encore une fois, sur le bas-côté.

Phase 3 Dépression active
Je veux bien être un mec de nature plutôt optimiste mais faut pas pousser. Trois fois de suite ça commence à faire chier. D’autant que les fois précédentes nous étions sur l’autoroute, mais sur le bas-côté-en-sécurité. Alors que là c’était plus sur l’autoroute-avec-les-gros-camions-qui-passent-à-2centimètres-de-ta-gueule. Et bon, si nous nous étions résolus la veille à ne pas faire appel à une dépanneuse, cette dernière se révélait cette fois-ci indispensable. « Cela coutera 200 balles, on vous envoi quelqu’un ? » Cool, non, non on va la mettre sur notre dos et continuer à pied. Un sympathique dépanneur, en outre moustachu, qui nous propose de nous emmener au prochain bled possédant un garage susceptible de réparer la voiture. Une charmante bourgade répondant au doux nom de Frauenfeld, qui nous ne le savions pas encore serait notre tombeau. Bien sur les garages sont fermés le dimanche, c’est trop simple sinon. Et il fallait trouver un hôtel. Et à Frauenfeld, les gens parlent un vieux patois suisse-allemand dégueulasse, encore une fois c’est trop simple sinon. C’est là qu’on est un peu passés pour des gros désespérés avec nos gueules qui n’ont dormis que quelques heures dans une voiture gelée. Tellement désespérés que le dépanneur et la petite vieille de la station-service à côté ont du s’y mettre à deux pour nous trouver une auberge de jeunesse pas trop chère. Pas trop chère pour des suisses, entendons-nous bien. Et après quelques heures de dépression il fallut trouver l’hôtel. C’est ainsi que nous découvrions Frauenfeld et son désormais fameux Konfetti-Karnaval, dont le gros du spectacle se situait à 50mètres de l’auberge.

Phase 4 Suicide collectif
Alors, si je n’ai su retranscrire la beauté de Vienne, je ne pourrais pas non plus décrire le pathétisme de ce carnaval à la con. Enfin, on va essayer. Tout d’abord une espèce d’atmosphère pesante entoure la ville. Un carnaval c’est censé être joyeux, les gens rigolent, il y a de la couleur, une bonne humeur ambiante. Là, ça ressemblait plus à un vieux film de série Z où trois touristes paumés se retrouvent dans un village de consanguins qui viendront les égorger dans leur sommeil. Une ambiance étouffante. Alors ça va en étonner plus d’un mais un Konfetti-Karnaval c’est une sorte de carnaval ou on se jette des confettis. Si, si, mais où les costumes doivent être moche, l’haleine avinée et où il est fortement conseillé de jouer d’un instrument, ringard si possible, genre grosse caisse ou xylophone. Et le mieux dans tout ça, c’est qu’il mélange le tout pour en faire un concours. Imaginez la presse locale « Grand concours d’orchestre et de costumes bizarres à la salle des fêtes ! Venez nombreux, ridicules et bourrés ! » Imaginez un chalet géant ou les gens picolent et ripaillent depuis trois jours, en se relayant à tout de rôle sur scène pour reprendre la même chanson. Et le pire c’est que tout le monde à l’air heureux, même si il fait froid, gris et moche. Welcome in Beauf-land. Et c’est à ce moment que Vienne paru une autre époque comme si des années c’étaient écoulées depuis. Passer d’une telle joie à un tel désespoir en si peu de temps. Du bonheur total au désespoir ultime. Passer du chaud au (trop) froid en même pas 24 heures.

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Et finalement, une fois l’auberge ouverte et la perspective de prendre une douche (bonheur) et de pouvoir se coucher dans un lit, le moral repartit fortement à la hausse. Même la vieille fille et son chat qui tenaient l’auberge et qui tentaient désespérément de communiquer avec nous dans un patois suisso-gluturalo-allemand ne parvinrent pas à émietter notre joie de sentir un matelas sous nos corps meurtris d’avoir assistés à un tel show. Je pense sincèrement ne jamais avoir été aussi fatigué de ma vie et tant mieux. Parce que me coucher tôt m’a évité Frauenfeld by night, spectacle sans doute au combien merveilleux mais auquel je ne me sentais point d’assister.

Plutôt heureux d’avoir, pour une fois, dormi convenablement on peut presque dire que je partais joyeusement à l’ouverture du garage. Et bon là, après examen de la voiture on m’annoncera que ça nous coûterait à 400€. Bim. Comme ça. Sur le coup ça fait drôle. Et bizarrement si ça continue à piquer le compte en banque et que maintenant ça parait le truc qui a tout niqué ; sur le coup je pense pas que c’était le pire. Après la galère vécue, la seule perspective de pouvoir repartir de ce putain de village paraissait à elle seule réjouissante. On dû attendre un peu, juste le temps de dévaliser un restaurant de toutes choses comestibles et nous pouvions enfin repartir. Et après avoir laissé derrière nous ce village des horreurs, une partie de nos âmes et de notre compte en banque nous pouvions enfin apercevoir le panneau indiquant que la fin approchait: « Zurich 45km ». Putain, tomber en panne à 1h30 de l’arrivée. Après 20h de routes cumulées dans la semaine. Putain d’alternateur.

S.